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LE VAMPIRE

— Son affaire est claire, si vous êtes des hommes ! s’écria Général avec un geste terrible.

Ou ouvrit le guichet pratiqué dans la porte de la cellule.

— L’heure s’avance, monsieur l’abbé, dit un surveillant.

— Une minute encore, répondit le faux missionnaire.

Le guichet se referma.

— J’ai encore quelque chose à te dire, mon brave, fit Général.

— Oui, relativement à l’affaire de la rue Rambuteau.

— Sais-tu qu’il s’agissait de retrouver la piste de millions disparus il y a beau temps ?

— La fortune des Lormières, n’est-ce pas ?

— Oui… Ah ! si Caudirol avait voulu, tout se serait arrangé sans assassinat. Je ne serais pas ici.

— Connais-tu Caudirol ? demanda le prétendu missionnaire.

— Oui, je l’ai entendu prêcher. J’ai été exprès à son église plusieurs fois avec Sacrais.

— Est-ce qu’il me ressemble ? demanda soudain l’envoyé de la Sauvage en retirant sa longue barbe.

— Lui ! s’écria Général, c’est lui !

— Silence, fit vivement Caudirol en remettant sa fausse barbe.

Et ajouta :

— Maintenant, parle sans crainte.

Général des Carrières fut quelques instants avant de se remettre de sa surprise.

— Hâtons-nous, répéta Caudirol.

— En effet, dit le condamné à mort, le temps presse.

Il frissonna malgré lui.

— Tu sais, que notre but était de recouvrer la fortune des ducs de Lormières. Pendant la Révolution, des sommes énormes ont été cachées dans leur château près de Nantes. Nous avons fait une expédition qui n’a pas eu de résultat. Il aurait fallu connaître exactement l’endroit où le trésor est enfoui.

— Sacrais m’a parlé de cela, fit Caudirol.

— Il eut fallu que toi, le seul descendant vivant, tu fisses valoir tes droits. Nous avions tous les papiers nécessaires. Alors, toi propriétaire du château, il était facile, en bouleversant tout, de découvrir les millions dont nous connaissons l’existence à n’en pouvoir douter.

Caudirol ne perdait pas une syllabe des paroles de Général.

— Nous n’ignorions pas que la duchesse de Lormières avait laissé tout ce qu’elle possédait, moins une rente viagère pour ses descendants, à une nièce dévote et avare qui habitait rue Rambuteau…