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LES MYSTÈRES DU CRIME

l’endroit où est enterré Général. Après, je n’y penserai plus, je serai toute à toi.

— Quelle idée d’aller là-bas.

— Je le veux. Il me semble que je le dois.

— Où te retrouverai-je ?

Elle lui écrivit une adresse sur une feuille qu’elle détacha de son carnet.

— Comment ! rue de Rome ?

— Oui, j’ai un bel appartement même ! Dans la maison, je me fais passer pour une jeune dame russe. Général était censément mon mari. J’ai dit qu’il était reparti à l’étranger.

— On n’a pas de soupçons ?

— Non, je dis que je voyage souvent, que c’est mon idée. Voilà tout,

— Et moi, qui serai-je ?

— Mon frère, hein ?

Caudirol se mit à réfléchir.

— Oui, mais il faudra changer de résidence, ce sera plus prudent.

— Comme tu voudras.

Ils furent interrompus par La Marmite qui passa rapidement à côté d’eux.

— Attention, patron, dit-il, voilà le client.

Le bourreau venait de sortir de la prison, absolument seul.

Il s’engagea dans la rue voisine jusque derrière la prison.

L’endroit était désert.

L’occasion sembla propice à Caudirol.

— Accoste-le, dit-il à la Sauvage. Je me charge du reste.

Celle-ci se dirigea vers M. Dublair qui s’en allait en réfléchissant aux évènements de la nuit.

— Monsieur, pourriez-vous m’indiquer… la rue des Couronnes ? C’est loin d’ici, n’est-ce pas ?

Le bourreau s’arrêta.

Il se disposait à renseigner la Sauvage, qui venait de lui adresser cette question, quand soudain, au moment d’ouvrir la bouche, il s’affaissa en poussant un cri plaintif.

Caudiroi, s’était détaché de l’angle du mur et lui avait enfoncé un poinçon dans le dos.

Les hommes de la bande de Saint-Ouen arrivèrent à leur tour.

— C’est fini ? demanda Sacrais.

— Non, répondit Caudirol avec un geste farouche. Il faut que chacun de vous prenne sa part de cette vengeance. Baptisez-moi vos armes dans le sang du bourreau, ça leur portera bonheur.

Les misérables se précipitèrent vers la victime qui râlait et en une seconde le corps fut percé de dix coups de couteau.