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LES MYSTÈRES DU CRIME

Mme Isidore Bartier avait déjà un enfant… ajouta-t-il.

Madeleine interrompit le docteur :

— Oui, le même qui vient de périr sur l’échafaud. Il tenait de son père, celui-là… comme l’autre est votre portrait frappant. Cependant, Julie, la dernière enfant de M. Bartier, ne ressemblera pas, je crois, à son misérable père.

— C’est vrai, fit Jean-Baptiste, le Président a une fille. Quel avenir lui est réservé !

— Laissez-moi achever, dit Je Docteur-Noir. Ma belle-sœur partit le lendemain pour la campagne. Elle n’y resta que deux mois. Elle revint à Paris et, sept mois après, elle accoucha d’un enfant… notre Georges. Cet accouchement à sept mois n’inspira aucun soupçon. Quelques jours après, je reçus un mot de ma… belle-sœur qui me disait : « Lucien, vous avez un fils. Par pitié, ne me revoyez jamais. »

— Et vous avez obéi ! fit Madeleine.

— C’est vrai, mais de loin ou de près je ne perdais rien de ce qui touchait la pauvre femme. Que de fois j’ai rôdé devant l’hôtel du président Bartier, suivant des yeux les allées et venues des domestiques, épiant certaine croisée…

— Je le sais, fît Jean-Baptiste Flack.

— Ah ! comment cela ?

— Je vous y ai vu un jour…

— Pendant longtemps, je sus ce qui s’y passait par le malheureux enfant qui vient d’être guillotiné. Mais jamais je n’ai parlé à Georges. Oh ! tout ce que je possède, je le donnerais pour le serrer contre moi et l’embrasser bien fort !

Le malheureux père pleurait en parlant ainsi.

— Parlez-moi d’eux, fit-il en comprimant ses sanglots.

Madeleine raconta dans tous ses détails la triste existence de sa maîtresse, battue sans cesse de même que ses enfants, Julie et Georges, par le misérable Bartier…

Elle fut interrompue pas un violent coup de sonnette.

Flack alla ouvrir.

C’était un commissaire de police.

Il désirait communiquer avec le Docteur-Noir.

Celui-ci le reçut froidement.

Le magistrat demanda au médecin s’il désirait que sa femme fût poursuivie en adultère.

— Non, répondit Lucien Bartier, je ne veux déposer aucune plainte. Remettez-la en liberté et que je n’en entende plus parler.

— J’ai encore à vous prier, fit le commissaire, de vouloir bien vous rendre