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LE VAMPIRE

— Pas possible… et cependant… en regardant bien… Oh ! mais, très chouette ! c’est lui… Monsieur Renaud, vous êtes grand, comme le Trocadéro !

Caudirol tendit la main au jeune homme.

— Allons, c’est bien, dit-il en riant de son enthousiasme, je me suis tiré d’affaire…

— … D’une façon admirable, interrompit Sacrais.

— Il ne s’agit point de cela, poursuivit Caudirol. Que viens tu faire, mon petit ami ?

— Mais je viens rendre compte à m’sieu Sacrais des commissions dont Son Altesse a bien voulu charger bibi — autrement dit votre serviteur. — J’ai vu tous les camaros… Rendez-vous cette nuit chez Boutrache, à l’Île Saint-Ouen… c’est convenu.

— Et… la Sauvage ? interrogea Sacrais.

La Marmite hésita avant de répondre.

— Comment ? s’exclama Caudirol, mordu au cœur à ce nom qui réveillait son impétueuse nature.

— Oh ! rien, fit La Marmite. Faut vous apprendre que Sacrais m’avait dit comme ça : Va chez Mme Poivre-et-Sel et chez la mère Peignotte et dis-leur de prévenir la Sauvage que Renaud est pincé.

— L’as-tu trouvée, elle ? demanda Caudirol.

— Comme de juste. J’vais d’abord rue des Lyonnais…, Peau de balle ! j’fais un four. De là, je r’monte au claque de la gentille Mme Poivre-et-Sel… Oh ! la la, quelle cambuse… On m’prend pour un client… Maladie !

— Et puis après ? interrompit Sacrais.

— Dame, j’dégotte la Sauvage ; elle était avec la patronne. Pour ne pas défriser ses sentiments, j’raconte le fait à la Poivre-et-Sel. Elle a du bon, c’te femme. Elle me dit : Si tu-veux, va t’amuser avec ces dames, c’est moi qui t’régale, petiot… Oh ! la la, Paméla, ma mignonne, au secours ! on m’viole… Vous comprenez, moi j’accepte… c’était du gratis… Faut bien faire un peu d’poésie entre-temps.

— Quel type ! fit Sacrais en riant.

— Donc, j’vas présenter mes hommages à ces dames… Je choisis pour accorder ma lyre… ô printemps !… une petite boulotte, qu’avait une paire d’avant-scènes, j’vous dis que ça. J’approche en deux temps et j’dis aux objets qu’vous savez : Bonjour, messieurs les nichons, à vous mon plus gracieux sourire ! Ça y a plu à la dame… Bon ! accord parfait !… la suite au prochain numéro… Oh ! l’amour, c’est doux comme du miel.

— Parle-moi de la Sauvage, bavard, dit Caudirol impatienté.

— On y vient, patron, mais comme j’dis toujours, faut pas mettre la charrue derrière les bœufs… c’est mauvais signe. Pour lors, après avoir roucoulé,