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LES MYSTÈRES DU CRIME

Il fit entendre un léger sifflement.

Tous les bandits arrivèrent de différentes directions.

— Marchons en avant sur la route, leur dit Caudirol… À cinquante mètres d’ici, nous prendrons la voiture de vive force, la ruse ne nous réussit pas.

— Bravo, approuva Tord-la-Gueule.

Aucune opposition ne se produisit ; d’ailleurs pour ces hommes l’ordre du chef était sacré.

La Sauvage, qui s’était tenue à l’écart, se rapprocha de Caudirol.

— J’en suis, moi, n’est-ce pas ? fit-elle d’un air câlin.

— Soit, mais de la prudence !

— En effet, ce n’est pas une plaisanterie, fichtre ! appuya Bambouli… Donner l’assaut au panier !

— Qu’est-ce à dire ? demanda violemment Caudirol. Ai-je des hommes avec moi ?

Personne ne répliqua.

Les bandits se perdirent dans la nuit.

La voiture cellulaire s’ébranla et prit le grand trot.

Les gendarmes rentrèrent dans leur poste.

La route redevint déserte.

Tout à coup la voiture eut un brusque cahot et s’arrêta.

— Diable ! s’écria l’agent Haroux en prêtant l’oreille.

Au dehors il entendit une forte voix qui disait :

— Aussi vrai que j’m’appelle Tord-la-Gueule, voilà un nom de Dieu d’cocher qui n’trimballera plus les amis.

— Attention ! fit l’agent Haroux, gare à la porte… Feu ! Vous y êtes, municipal ?

— Pour sûr qu’il y est, hurla Caudirol qui apparut soudain à la portière et planta son poignard dans la gorge du soldat.

Une double détonation retentit.

Le conducteur et l’agent avaient tiré sur l’assassin.

Caudirol se jeta brusquement en bas de la voiture.

Il n’avait pas été atteint.

Sacrais profita du tumulte pour secouer la porte.

L’agent Haroux courut fermer le guichet.

— Agite-toi maintenant, gredin, dit-il à Sacrais.

— Imbécile ! ricana celui-ci.

Et, fiévreusement, il se mit à scier les barreaux de bois qui tombaient un à un, mais trop lentement à son gré.

— Oh ! mais ça ne finira donc pas ! disait-il.

La lutte continuait entre les assaillants et les assiégés solidement enfermés.