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LE VAMPIRE

Et il se regarda complaisamment dans une glace.

Débarrassé de son manteau, il avait plutôt l’air d’un gentleman élégant que d’un bandit.

Son regard seul le trahissait.

Il avait dans les yeux une lueur étrange dont on ne pouvait supporter l’éclat.

La Sauvage lui sourit doucement.

— Voici la chambre à coucher, dit-elle en ouvrant une porte.

Caudirol ne fut pas long à se mettre au lit. Il était brisé de fatigue.

La Sauvage, elle aussi, n’en pouvait plus, mais ni lui ni elle ne songeaient à dormir.

La passion les tenait éveillés.

Déjà Caudirol songeait avec fièvre à l’épouvantable profanation qu’il devait accomplir la nuit suivante.

La Sauvage se dévêtit et se glissa nue, contre le monstre en rut.



CHAPITRE XII

Avant la tragédie.


Une semaine ne s’est pas écoulée depuis l’affaire de la rue des Gravilliers, et cependant des évènements multiples se sont précipités.

Nous allons assister à la monstrueuse scène qui justifiera le litre de cette première série des Mystères du crime.

Le Vampire va nous apparaître dans toute sa hideur.

Ceux de nos lecteurs qui savent quelles obscènes et corruptrices maximes sont contenues dans les manuels qui servent à l’éducation des prêtres ; ceux qui, instruits des secrets de la physiologie, connaissent les ravages que le célibat produit sur les cerveaux puissants ; ceux-là s’expliqueront l’horrible monomanie du défroqué Caudirol.

Qu’on le sache bien, il n’est aucun des faits que nous racontons qui n’ait son précédent dans les annales de la science ou dans celles du crime.

Nous n’inventons rient nous choisissons pour notre récit les documents les plus passionnants que nous fournisse la nature humaine.

Il ne faut jamais crier à l’invraisemblance : tout arrive.