— Vous venez pour une consultation ?
L’autre le regarda de son œil vif :
— Qui êtes vous ? interrogea-t-il.
— Monsieur, je suis Jean-Baptiste Flack, domestique au service de M. Lucien Bartier, docteur… Et vous ?
L’inconnu lui dit lentement, pensant le terrasser :
— Je suis M. Coënne, chef de la sûreté.
— Ah ! mais, donnez-vous donc la peine d’entrer, fit Jean-Baptiste Flack d’un air dégagé.
Les policiers pénétrèrent dans la pièce où se tenait Madeleine.
— Quelle est cette personne ? demanda M. Coënne.
— Une amie à moi, fit le domestique en se rengorgeant.
— Elle vient d’arriver ? dit encore le chef de la sûreté.
— Oui, et nous n’avons pas encore eu le loisir de causer.
— Ce sera pour une autre fois. Mademoiselle est de trop pour le moment.
— Oh ! si je vous dérange, je m’en vais, fit Madeleine simulant la plus grande confusion.
Et elle s’empressa de gagner la porte.
Les policiers la laissèrent sortir sans le moindre soupçon.
— Je reviendrai ce tantôt, monsieur Flack, dit-elle en se retirant.
— Ah ! maintenant, nous allons causer, mon ami, fit M. Coënne.
Flack écoutait gravement.
— Ma présence ne vous surprend pas ? demanda le chef de la sûreté ?
— Non, en aucune façon.
— Tiens ! tiens !
— C’est toujours cette histoire de l’Opéra qui se continue. Voilà un coup de pistolet qui a fait du bruit !
— Il y en a qui en font moins, fit le chef de la sûreté d’un air fin.
Et il ajouta en pesant sur chacun de ses mots :
— Surtout, quand on emploi des armes à air comprimé.
Jean-Baptiste Flack resta ébahi.
— Où avez-vous passé la nuit ? continua M. Coënne.
— Mais… dans un lit, répartit le domestique d’une façon évasive.
Il présentait qu’un malheur était arrivé, à son maître et il ne savait que répondre pour ne pas le charger par ses déclarations.
— Je vais être arrêté, pensa-t-il.
— Vous avez passé la nuit dans un lit, en effet, reprit M. Coënne. Mais avec qui ?
— Fichtre ! il est bien renseigné, se dit le pauvre Flack qui devint tout déconfit.
Le chef de la sûreté jouissait de sa confusion.