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LE VAMPIRE

Son parti était pris, il allait faire arrêter Caudirol. C’était sa dernière ressource.

— Ah ! bandit, grondait-il, toi, au moins, tu ne m’échapperas pas.

La distance qui sépare Belleville du quartier de l’Europe fut rapidement franchie.

La voiture n’avait plus qu’à redescendre dans Paris.

Jean-Baptiste Flack fit arrêter le fiacre au bas de la rue de Rome.

— Eh bien ? la bourgeoise ne vous a pas attendu, patron ? fit le cocher.

— Non, elle a dû retourner à la maison… Voilà votre argent.

— Merci, et au revoir.

Flack remonta la rue jusqu’à la maison où habitaient Caudirol et la Sauvage…

Il combinait un plan.

L’arrestation de Caudirol n’était pas aussi simple qu’il l’avait pensé tout d’abord.

Pouvait-il requérir un sergent de ville de mettre la main au collet à un homme élégant, domicilié dans une maison bourgeoise ? C’était impossible.

Il eut passé pour un mauvais plaisant, ou du moins pour un fou, s’il avait été déclarer au prochain bureau de police que Caudirol demeurait rue de Rome.

Le curé de Saint-Roch passait pour mort.

Flack eut une autre crainte : Caudirol habitait-il bien dans cette maison ?

C’était probable, mais ce n’était pas sûr.

Et résolut de s’informer.

La concierge de la maison était sur le pas de sa porte et causait avec un homme en chapeau rond.

Flack s’approcha et entendit cette conversation :

— Alors la petite dame russe vous a vendu tout son mobilier ? Ce n’est pas avantageux pour elle.

— Eh ! eh ! on a toujours de l’avantage à traiter avec un marchand de meubles. J’ai versé comptant le prix convenu au monsieur et ils ont pu s’en aller tout de suite.

— C’était, paraît-il, son frère.

— Un grand, avec des moustaches noires ?…

— C’est cela. Il est venu il y a peu de temps et, déjà, il retourne en Russie. Il m’a dit ça, en me payant le loyer d’avance.

— Quel drôle d’homme !