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LE DOCTEUR-NOIR

Tout son passé d’hypocrisie et de débauches lui revenait dans une bouffée de souvenirs écœurants.

Il chassa ces idées qui faisaient craquer son crâne dans un désir de jouissances inconnues, inouïes, nouvelles !

— Julie !…

Il répétait le nom de sa fille.

La porte du Dépôt s’était ouverte lentement, comme à regret, et roulait avec des grincements sourds sur ses gonds massifs.

Les acquittés sortaient de cet antre du bon plaisir policier et judiciaire.

Des femmes, des enfants attendaient.

Ils se jetaient dans les bras de leurs parents, plus heureux que d’autres qui restaient là en contemplation, d’un air morne, devant le Dépôt.

— Oh ! misère, misère ! tel était le cri qui sortait de la bouche de ces réprouvés.

Le président Bartier examinait un à un les sortants.

Une tête blonde apparut dans l’encadrement de la sinistre porte.

C’était Georges… c’était bien lui.

Et le magistrat courut derrière l’enfant qu’il rejoignit sur le quai.

Des voitures passaient. Le président Bartier en arrêta une. Il saisit Georges et le poussa dans le fiacre, avant que le pauvre petit eût pu se reconnaître.

— Mon Dieu, gémit-il douloureusement.

— Ah ! gredin ! fit M. Bartier en l’asseyant violemment sur le siège.

L’enfant ne répondit rien, mais deux larmes coulèrent sur ses joues.

Le président avait donné son adresse au cocher qui fouetta son cheval en maugréant.

La voiture roula rapidement vers l’hôtel du magistrat.


CHAPITRE II

Pauvre Georges !

Que s’était-il passé depuis la mort de Mme Isidore Bartier ? Comment se faisait-il que Georges eût pris la fuite ?

C’est ce qu’il est nécessaire de retracer en quelques lignes.

Le président Bartier était un homme brutal et haineux. Il lui fallait une souffre-douleur. Dès le début de son mariage avec Mme Bartier, il en avait fait sa victime.