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LES MYSTÈRES DU CRIME

Il gagna la porte et l’ouvrit avec précaution…

Personne ne l’observait ; il referma doucement la grille extérieure et prit sa course du côté de la rue des Martyrs.

Comme il parvenait l’extrémité de la cité, un vertige le saisit, il s’affaissa dans un coin.

La peur d’être repris ne put lui donner les forces nécessaires. Il essaya de se relever, mais aussitôt il retomba sans connaissance…


CHAPITRE III

Menace.

Jean-Baptiste Flack fut reçu par le président Bartier dans un salon d’une tenue sévère et glaciale. Il y avait quelque chose de roide et de gourmé dans chaque tenture, dans chaque meuble. C’était la salle de réception du magistrat.

Isidore Bartier, accoudé à la cheminée, affectait de se nettoyer les ongles avec une profonde attention.

Il releva la tête quand Flack fut à deux pas de lui.

— Que désirez-vous ? demanda-t-il d’un air compassé en refermant son canif.

— Je viens, non pas de la part du Docteur-Noir comme je vous l’ai fait dire, mais de la mienne… Mon excellent maître est en prison.

Le président regarda son interlocuteur et ne put maîtriser sa surprise.

— Ah ! fit-il, c’est vous…

— En effet, repartit Jean-Baptiste Flack avec aisance, nous avons déjà eu le plaisir de nous rencontrer à deux reprises différentes… Nous sommes de vieilles connaissances.

Isidore Bartier eut un geste de colère.

— Vous prétendez que cette sotte histoire de… de…

— Bullier, acheva Flack. Oui, monsieur le président. J’ai eu l’honneur de vous voir, il y a beau temps de cela, dansant à ce bal avec une demoiselle sur vos épaules. Je suis venu à votre aide comme on voulait vous faire toute une affaire pour cela.

— Vous n’étiez pas encore l’aide du bourreau à cette époque ? questionna M. Bartier avec un air de mépris.