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LE DOCTEUR-NOIR

— À Noisy… Nous sommes établis dans la maison de campagne du Docteur-Noir… Il avait un appartement à Paris, mais aujourd’hui, suivant son désir, il est abandonné.

— Je vais trouver mon oncle Lucien à Noisy ?

Jean-Baptiste Flack fit un signe négatif.

— Comment cela ? demanda Georges.

— Le Docteur-Noir n’est pas à Noisy.

— Pourquoi appelle-t-on mon oncle le Docteur-Noir ? fit Georges attristé.

— Parce qu’il a beaucoup souffert et que ceux qui ne le connaissent point le croient sombre et méchant.

— Et où se trouve-t-il ?

Fiack se décida à éclairer l’enfant sur le sort de son père.

— Le docteur est victime d’une fausse accusation. Il est en ce moment détenu…

— Mon oncle Lucien !

— Il est sous le coup d’une accusation infâme et la justice est bien prête de le condamner.

— C’est impossible ! Ma mère me l’a dépeint si bon. Il est innocent…

— Je le sais… mais il est à Mazas !

L’enfant, écrasé une seconde sous cette nouvelle, sentit son imagination le transporter…

La jeunesse a de brusques transitions.

— Nous le reverrons ! s’écria Georges…

Et se rappelant des romans lus à la volée, en cachette, chez le président, il s’écria avec une foi profonde !

— S’il s’évadait !

Jean-Baptiste Flack fut sur le point de hausser les épaules, mais réprimant ce premier mouvement, il examina cette hypothèse sous toutes ses faces…

— Tiens ! mais c’est une idéel fit-il.

L’évasion de son maître devait être désormais son objectif. Cette pensée venait de se fixer dans son esprit avec toute la force de son absolu dévouement.

Les moyens ne lui apparaissaient pas encore.

Il ne connaissait la prison de Mazas que par sa sinistre renommée.

Bien souvent, il avait lu dans les journaux qu’une évasion était impossible dans les prisons de Paris.

Et cependant, il se souvenait que, malgré toute la science des constructeurs de geôles modernes, quelques audacieux détenus avaient pu s’enfuir.

Il se répétait à lui-même :

— C’est une idée !

Après un long parcours, Flack et le petit Georges arrivèrent à Noisy.