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LES MYSTÈRES DU CRIME

L’ancienne femme de chambre de madame Bartier, Madeleine, vint à leur rencontre.

La brave fille resta stupéfaite.

Puis, n’écoutant que l’emportement de son affection, elle se jeta au cou de Georges et l’embrassa de toutes ses forces.

— Mon jeune maître !

— Oh ! Madeleine, vous me faites mal !

— Quoi !

Jean-Baptiste Flack intervint.

— Le président a roué de coups son fils. Le misérable l’a martyrisé.

— Je vous dirai tout, s’écria le pauvre Georges en éclatant en sanglots. J’ai bien souffert, vous verrez !…

Madeleine marchait de côté et d’autre sans savoir ce qu’elle faisait.

Elle pleurait et riait à la fois.

— Vous ne nous quitterez pas, dit-elle ; ici vous êtes en sûreté, au moins… Pauvre monsieur Georges, votre figure est toute abîmée.

Flack venait d’approcher une lumière.

Il regarda avec compassion le fils de son maître et il le poussa doucement vers la porte.

— Nous allons l’installer dans la chambre de son… oncle.

Ils gravirent un étage.

Un feu fut rapidement allumé dans la pièce qui s’éclaira gaiement.

Madeleine mit tout en ordre, avec mille soins de mère attentive, et elle se retira en disant à Georges Bartier :

— Bonsoir… bonne nuit, cher enfant… Vous avez de quoi faire un petit souper sur la tablette, ici…

— Vous ne m’embrassez plus ? fit le jeune homme.

— Mais vous êtes toujours mon petit maître, je sais ce que je vous dois… En vous voyant arriver ça a été plus fort que moi, mais maintenant…

Georges se jeta à son cou.

— Ma bonne Madeleine, fit-il en sanglotant.

Flack fit signe à la femme de chambre de se retirer et il voulut se mettre en devoir d’aider Georges à se déshabiller.

— Non… non… fit celui-ci avec un mouvement en arrière.

Le domestique comprit.

— N’ayez pas de honte vis-à-vis de moi. Vous voulez me cacher la marque des coups que votre père vous a infligés. Allons donc ! moi aussi j’en ai reçu des volées dans ma vie ! Je ne suis pas un enfant-trouvé sans avoir connu les douceurs de l’Assistance publique sous forme de bastonnades.

Et malgré la légère résistance de Georges, il lui retira doucement ses vêtements.