Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
LE DOCTEUR-NOIR

Le jeune homme se trouvait en bras de chemise.

Son linge était empesé de sang.

Flack devint affreusement blême et retint des larmes de pitié en même temps que son cœur se gonflait de colère.

Il enleva la chemise de l’enfant qui resta seulement vêtu de son pantalon.

Le dos et la poitrine de Georges étaient à nu.

La peau était hideusement déchirée. Le jonc avait fouillé la chair et tout le corps du malheureux n’était qu’une plaie horrible à voir… Des lambeaux se détachaient sur l’arête noirâtre des lignes tracées par les coups…

Jean-Baptiste Flack resta muet d’horreur devant cet atroce spectacle.

Un sentiment de fureur l’arracha à sa douloureuse contemplation.

Il se jeta vers la porte.

— Madeleine, dit-il d’une voix éclatante… Madeleine, venez.

La bonne arriva en courant et s’arrêta sur le seuil de la chambre, épouvantée…

— Regardez l’œuvre du monstre, fit le domestique en montrant les épaules du jeune homme.

Madeleine détourna ses regards et, portant ses mains à son visage, elle se sauva en pleurant.

Flack était quelque peu initié à la médecine usuelle.

Son maître lui avait souvent donné des conseils et des leçons.

Il pansa le malheureux Georges, après avoir lavé son corps, meurtri des pieds à la tête.

Puis, il lui fit boire un verre de vin vieux et l’enfant épuisé s’endormit dans le lit de son père.

Jean-Baptiste Flack restait immobile devant la couche…

Enfin, il jeta un dernier regard sur la pièce pour s’assurer que rien ne manquait et, il se disposa à rejoindre Madeleihe.

Il ouvrit la porte…

Au moment de s’en aller il revint sur ses pas et, regardant une dernière fois Georges Bartier :

— Malheur à ton bourreau, pauvre enfant ! dit-il sourdement.