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LE DOCTEUR-NOIR

Ces condamnations prononcées, le tribunal se retira, et M. Isidore Bartier rentra dans son cabinet.

Il prit le flacon que Flack avait rempli d’un acide extrêmement violent.

Au moment de s’en servir il se ravisa :

— Au diable ! fit-il, cela m’ennuie à la fin. Ce sera pour demain. Je suis en retard pour mon dîner.

Et, après avoir quitté sa robe de magistrat, il sortit du Palais de Justice de son pas calmé et mesuré.


CHAPITRE VII

Le Magistrat à la maison.

Après avoir dîné comme à son ordinaire, M. Isidore Bartier rentra dans son hôtel de la cité Malesherbes et il s’enferma dans son cabinet de travail…

Il tira de sa poche le journal qu’il venait d’écraser sous de multiples condamnations et il le relut avec un plaisir ardent.

Le président souriait en savourant les histoires égrillardes et décolletées qu’il avait flétries dans son jugement du titre de pornographies…

La soirée était avancée.

Le juge ne détournait point ses yeux de la feuille condamnée…

Il relisait avec un plaisir d’amateur les passages incriminés par le ministère public.

Une vapeur de volupté enveloppait son cerveau en fermentation et l’enivrait.

Il froissa le journal…

— C’est très bien écrit, pensait-il. Mais il n’est pas bon que ces sortes de choses soient mises en circulation. Il faut une morale comme il faut une religion pour le peuple.

Et ses yeux troublés se reposaient sur le Succès Parisien.

C’était le titre de la publication.