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LES MYSTÈRES DU CRIME

La jeune fille songeuse et tranquille montrait de face ses jambes rondes et pleines à son père caché dans l’ombre.

Le misérable suait à grosses gouttes.

— Elle se couche enfin, fit-il d’une voix étranglée.

Julie venait de baisser la lumière de la lampe et s’était coulée dans son lit…

Quelques minutes s’écoulèrent.

La porte du cabinet de toilette cria dans l’obscurité.

Un pas furtif foula le parquet, tapissé… Un souffle rauque déchirait l’air sourdement.

Du lit s’échappait à intervalles réguliers la respiration calme de la jeune fille endormie…

Tout à coup le lit gémit sous une violente pression. Une plainte apeurée se fit entendre, suivie d’un cri impossible à rendre, dans lequel éclatait la honte impuissante et la douleur la plus cruelle.

— Tais-toi, Julie, murmura une voix entrecoupée. C’est moi, c’est ton père…

Le déchaînement d’un souffle enfiévré, déchirant l’air… Le bruit d’une lutte courte, désespérée, se terminant dans un écrasement… et ce fut tout.

L’inceste était consommé…

Une heure s’écoula.

La porte de la chambre se rouvrit et fut refermée par une main tremblante.

Une ombre se glissa le long des murs, descendit l’escalier et se perdit dans un couloir.

Le président Bartier rentrait chez lui.

Son idée fixe était réalisée !


CHAPITRE VIII

La fin d’une vie.

Le silence régnait dans la chambre de Mlle Bartier.

De temps à autre un gémissement vague, étranglé, douloureux, troublait seul le calme de la nuit.

La pendule marquait deux heures.