En somme, il pensait que Julie était intéressée à cacher son malheur, surtout après la réflexion d’une nuit.
— Sur le premier moment, se disait-il, elle aurait pu faire des bêtises. À présent cela n’est plus à craindre…
Il sonna son domestique.
Celui-ci arriva en traînant les pieds et attendit d’un air niais que son maître lui adressât la parole.
— Aide-moi à m’habiller, fit le président.
Le valet obéit gauchement.
Isidore Bartier cherchait à formuler une interrogation qu’il tenait à rendre naturelle.
— Y a-t-il quelque chose de nouveau dans l’hôtel ? demanda-t-il avec bonhomie.
— Dame oui, monsieur.
— Et pourquoi ne me le disais-tu pas ?
Le domestique secoua la tête stupidement sans répondre.
— M’entends-tu ?
— Est-ce que je sais moi ?… Ça ne me regarde pas si mademoiselle est partie.
Le juge devint très pâle, mais il domina son émotion.
— Comment le sais-tu ?
— C’est facile à voir. Sa chambre est toute grande ouverte, et Mlle Julie n’est pas dans la maison.
— Ah ! bah !
— Sans compter qu’elle a laissé la porte de la rue entrouverte en s’en allant.
Isidore Bartier réfléchit un instant.
— Cela t’étonne ? fit-il enfin en s’adressant au domestique.
— Moi ? non, c’est pas mon affaire.
— Eh bien ! voici la chose : J’ai reçu la nouvelle que Georges s’était réfugié chez des parents qui demeurent près d’ici.
Le valet écoutait docilement.
Le magistrat continua :
— Il est malade, bien malade même, et sa sœur, à qui J’en avais parlé hier au soir, aura voulu aller le soigner. De là son départ…
— Elle est si bonne, Mlle Julie.
— Cela n’empêche que je lui avais, défendu d’aller voir son frère, qui est un méchant drôle.
Et passant à un autre ordre d’idées :
— Es-tu entré dans la chambre de ma fille ?
— Oh ! non, monsieur. Je suis passé devant ; voilà tout.