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LE DOCTEUR-NOIR

une feuille où, à toutes les questions, le greffier avait placé cette note : Silence de l’accusé.

Lucien Bartier fut ramené sous bonne escorte.

L’interrogatoire était terminé.


CHAPITRE XI

Une lettre de Caudirol.

Lors de l’invasion de l’hôtel de la rue des Lyonnais par la police, la Sauvage avait trouvé un asile chez Marita, la vieille Italienne. Blottie derrière la porte, elle avait pour ainsi dire assisté à toutes les péripéties de la lutte… Enfin, en entendant les cris des agents qui se perdaient dans le lointain, elle avait deviné que les bandits avaient pu effectuer une trouée.

La force prodigieuse de Tord-la-Gueule lui avait fait, dès l’abord, bien augurer de l’issue du combat. Elle ne doutait pas que tous ses compagnons n’eussent pris la fuite.

La cour de l’hôtel Peignotte s’était subitement repeuplée. Le bruit de cette bataille furieuse avait réveillé tout le monde. Les hôtes du garni n’avaient guère la conscience tranquille et il ne s’en trouvait pas qui restassent indifférents devant une rafle de la police.

La Sauvage était inquiète. Une curiosité sans pareille la tenaillait. Son indomptable nature se révoltait contre le rôle passif que la prudence lui commandait de jouer en cette circonstance. Elle voulait voir par elle-même ce qui s’était passé.

Elle s’enveloppa d’une loque qu’elle ramassa dans un coin et, après ; avoir jeté un coup d’œil sur la mère de la Pitchounette, qui ne bougeait point, elle se disposa à sortir… Ses yeux s’étaient habitués à l’obscurité et elle pouvait voir la vieille Italienne absorbée dans une profonde rêverie. La malheureuse femme semblait étrangère à tout.

La Sauvage ouvrit doucement la porte et elle sortit avec mille précautions.

La cour était peuplée d’ombres noires qui chuchotaient. Devant la porte de sortie, il y avait un groupe compact. Dans le fond, on distinguait les sabres des agents.