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LE DOCTEUR-NOIR

Elle s’approcha de Lydia et jeta un regard sur le livre placé devant elle.

Un geste de dégoût lui échappa. Elle lança le volume à travers la chambre. C’était un livre ignoble, illustré de dessins obscènes et hideux.

— Oh ! fit la Mécharde. C’est de la bibliothèque de M. Sacrais. Il a donné ce joujou à l’enfant pour s’amuser.

Lydia sentit son cœur se fondre de désespoir. Elle redoubla ses sanglots.

La Sauvage ne put se défendre d’une émotion involontaire.

— Un peu de patience, dit-elle à la pauvre martyre, on va bientôt te rendre à la liberté.

Lydia releva la tête et sécha ses larmes.

— Est-ce vrai ? exclama-t-elle.

La Sauvage sortit sans répondre.

À peine la porte s’était-elle refermée que la Mécharde courut vers la jeune fille.

— Oui, tu vas partir, dit-elle, et on te donnera à cet homme qui est venu ici. Tu sais ce qu’il fera avec toi, je te l’ai dit. Ah ! tu seras une dame, alors… Bonjour, madame, bonjour !

Lydia n’écoutait plus les paroles de la cynique mégère.

Celle-ci croyait avoir inventé une infamie et elle était tombée juste.

— Oh ! murmura Lydia, en levant ses beaux yeux cernés de bistre, personne ne viendra donc à mon secours ?


CHAPITRE XII

Madame Le Mordeley.

Dans sa lettre à la Sauvage, Caudirol n’avait dit qu’une partie de la vérité. Seul, Sacrais était entièrement au courant de ses projets.

Le défroqué avait mis à profit son séjour à Nantes pour prendre toutes ses informations. Il avait acquis la certitude que la légende des ducs de Lormières n’était pas éteinte. On ne considérait point dans le pays cette race comme disparue. On lui cita plusieurs branchés qui s’étaient fixées à l’étranger.

Les évènements politiques s’étaient, succédé et le drame qui avait précédé