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LE DOCTEUR-NOIR

Son cœur et son orgueil étaient satisfaits.

La façon cavalière dont son adorateur était devenu son amant lui semblait toute gentilhommesque.

Son défunt mari n’avait jamais eu de ces emportements et il baissait singulièrement dans l’esprit de la veuve.

Sa mémoire devait servir de repoussoir au nouvel objet de son amour.

L’imagination de la malheureuse était perdue dans les rêves les plus fantastiques.

Sur ces entrefaites on frappa à la porte.

— Entrez, fit madame Le Mordeley.

C’était un clerc de notaire qui venait prendre les instruction de l’héritière pour diverses formalités.

Elle accéda à toutes les observations qui lui furent présentées.

Comme le clerc s’en allait :

— Voici monsieur le duc de Lormières à qui vous aurez affaire désormais.

Et elle lui désignait orgueilleusement l’aventurier qui s’était introduit chez elle.

Caudirol fit un léger signe de tête au clerc qui se plia en deux devant lui.

Il murmurait en lui-même :

— La partie est engagée ; jouons serré.

Madame Le Mordeley, folle de bonheur, ne savait plus ce, qu’elle faisait.

La froide réalité devait bientôt apparaître.


CHAPITRE VI

Les souterrains du château.

Le lendemain du jour où Caudirol joua cette odieuse comédie, la conversation s’engagea entre lui et madame Le Mordeley sur le château et ses dépendances.

— Puisque tu m’as fait le don gracieux de cette demeure, dit le défroqué à sa maîtresse, il faut me la montrer de la cave au grenier.

— À votre gré, monsieur, à la condition que vous serez sage à la cave comme au grenier.