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LES MYSTÈRES DU CRIME

— Diable ! c’est un morceau de choix, la Sauvage ! L’absence me la rend plus désirable. Quelle passionnée ! Elle se tord sous la volupté comme un serpent… Je pourrai avoir d’autres liaisons ; mais celle-là me restera toujours…

Il poursuivait te cours de ses idées en paroles décousues.

— Et ce n’est pas tout ! Elle ne m’a pas seulement procuré des sensations comme aucun homme n’en a ressenti, cette fille de feu m’a encore tracé la voie. C’est par elle que j’ai échappé à la misère qui allait m’étreindre. Elle m’a d’emblée promu au grade de chef de bandits. C’est beau, trop beau même pour durer longtemps. Il faudra que je me débarrasse de mes hommes à prix d’or ou autrement quand j’aurai réussi dans mon entreprise.

Sur ces entrefaites, madame Le Mordeley rentra.

— Monsieur de Lormières, dit-elle à Caudirol, je viens vous voir en visiteuse.

— En visiteuse ? quelle plaisanterie.

— Non pas, mon notaire est en train de préparer l’acte par lequel je renonce en votre faveur à tous les biens dont j’ai hérité.

— Mais ce serait un vol de ma part.

— C’est une restitution de la mienne. Et quoi qu’il arrive, je persisterai dans ce que j’ai commencé. Que je m’appelle désormais la duchesse de Lormières ou que je reste madame Le Mordeley, il en sera ainsi.

Caudirol se jeta dans les bras de sa maîtresse.

— Oh ! mon amour, ma vie ! s’écria-t-il en la pressant contre son cœur.

Madame Le Mordeley s’éloigna de quelques pas.

— Serai-je votre femme ? fit-elle d’un air enjoué,

— Oui, mille fois oui, protesta Caudirol.

— Eh bien, alors, demandez-moi ma main… N’oublions plus les convenances.

Le défroqué se prêta à ce caprice.

— Madame, fit-il en s’inclinant respectueusement, je sollicite l’honneur de vous offrir mon nom et de me dévouer à votre charmante personne.

— Et comme vous parlez trop bien pour qu’on vous refuse, je vous accorde ce que vous me demande.

Sur cette repartie, madame Le Mordeley alla se pendre au cou de son amant.

Elle était transfigurée.

L’air compassé et froid de la dévote disparaissait pour faire place au rayonnement du bonheur.

Ce n’était plus la femme dure et méchante qui avait persécuté la pauvre Lydia. Désormais, elle n’avait plus besoin de souffre-douleur.

Caudirol n’avait pas à craindre qu’elle lui rappelât sa promesse de lui ramener la jeune fille.