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LE DOCTEUR-NOIR

fournissant toute sorte de raisons, mais Caudirol lui avait clos la bouche d’un baiser.

— Bah ! avait-il dit en lui prenant la taille, ne devons nous pas nous marier dans quelques semaines ? Quand l’on est rentré dans la voie des acomptes on ne saurait en sortir.

— Impertinent ! s’était bornée à dire madame Le Mordeley.

Et elle s’était laissée reconduire et enfermer dans sa chambre à coucher avec le faux duc de Lormières…

Caudirol et sa compagne commencèrent la visite du château et de ses dépendances.

Ils parcoururent en voiture les fermes des environs.

Quand ils revinrent de cette promenade, le faux duc s’adressa à madame Le Mordeley.

— Tu n’as pas tenu entièrement parole, ma belle amie.

— Vous n’êtes pas encore content ?

— Je ne veux point que tu me disse vous. Entre nous, soyons plus familier. Le tutoiement est une musique du cœur qui résonne agréablement à mon oreille.

En effet, la veuve mal habituée à sa nouvelle liaison, lui parlait tantôt à la deuxième, et à la troisième personne.

— Que veux-tu encore ? répéta-t-elle.

— Mais voir la cave comme j’ai vu le grenier.

Madame Le Mordeley eut un frisson.

— Vous voudriez visiter les souterrains, sérieusement ?

— Certes oui, cela doit être intéressant.

— J’aurai peur.

— Avec moi ?

— Non, mais, seulement…

— Tu recules ?

— Je te suis.

— Eh bien ! en avant.

Madame Le Mordeley se décida à satisfaire le caprice de son amant.

— Je vais chercher la clé, fit-elle.

— Allons.

Elle entra dans la maisonnette du jardinier.

— Où est la clé de la grosse porte des souterrains ?

— Elle est là, tenez, pendue à ce clou depuis bien des années.

— Donnez-la-nous.

— Il y a de la rouille, je vais la nettoyer.

— Non, c’est inutile, dit Caudirol en prenant la clé.