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LES MYSTÈRES DU CRIME

Et ils s’éloignèrent sans écouter les exclamations du jardinier qui jurait ses grands dieux que la porte ne s’ouvrirait jamais.

Madame Le Mordeley rentra dans son pavillon et revint avec deux lanternes allumées.

Elle aussi éprouvait maintenant du plaisir à faire cette excursion.

Une vive curiosité l’attirait.

Elle prit le bras de son amant et tous les deux se dirigèrent vers l’entrée des souterrains.

Caudirol s’arrêta devant l’énorme porte, et mit la clé dans la serrure.

La rouille l’empêchait de tourner.

Il donna un vigoureux tour de poignet, et la porte céda.

Un escalier de pierre, noir et profond, s’ouvrait devant eux.

Ils descendirent prudemment, tandis que des rats leur passaient dans les jambes.

— Oh ! j’ai peur, cria madame Le Mordeley.

— Quel enfantillage ! fit Caudirol pour la rassurer.

Et la prenant par la main il l’entraîna avec lui.

Il avait bien dans son esprit le plan des souterrains. Il manœuvra du côté où devait se trouver le trésor.

— C’est là, pensa-t-il en arrivant vers l’endroit présumé.

Il marchait bruyamment.

L’écho devint plus sonore comme il frappait la terre sous lui.

Il continua sa promenade, soutenant par la taille madame Le Mordeley qui faiblissait.

Dans un recoin obscur, un cachot, fermé par une grille, attira son attention.

— Voilà un petit trou où mes ancêtres ont dû mettre quelques vassaux récalcitrants, fit-il en souriant.

— Allons-nous-en, dit la veuve en l’arrachant à ce spectacle. Je me sens mourir de frayeur.

Caudirol jeta un dernier regard sur le cachot.

— Voilà une belle et bonne oubliette, pensa-t-il. Celui qui entrerait là-dedans pourrait crier tout à son aise pendante les quelques jours de vie qui lui resteraient. Cela peut servir à l’occasion.

Ils quittèrent enfin les vastes souterrains du château.

Quand ils se retrouvèrent au pied de l’escalier, madame Le Mordeley se jeta au cou de son amant.

— Je suis bête, fit-elle, figure-toi que j’ai craint un instant que nous ne fussions perdus. Heureusement tu t’es souvenu du chemin. C’est extraordinaire comme tu marches avec assurance sous ces voûtes sans fin.