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LE DOCTEUR-NOIR

CHAPITRE VIII

Coup de foudre.

Le bandit se rendait chez la Sauvage qui, on ne l’a pas oublié, avait élu domicile au lupanar de son amie madame Paulia, l’ex-mère Poivre-et-Sel, que nous avons trouvée dans un bouge de barrière au début de ce drame.

Quand il se présenta, on le prit d’emblée pour un client et on l’introduisit dans un salon où se tenait la patronne.

Celle-ci entamait déjà une profonde révérence, mais Caudirol l’arrêta d’un geste.

— Ne vous dérangez pas outre mesure pour moi. Je viens voir votre pensionnaire la Sauvage.

— Ah ! vous êtes le chef… Elle m’a bien parlé de vous. Venez donc.

Une minute après Caudirol était dans les bras de sa maîtresse.

Les premières effusions échangées ? Caudirol raconta succinctement son voyage.

Il se garda de parler de son intimité avec madame Le Mordeley.

La Sauvage voulut montrer la maison à son amant.

— Écoute, lui dit-elle, il y a ici une femme qui est une vraie poule aux œufs d’or. Je voulais tout d’abord te la cacher. Mais je veux que tu la voies. J’ai confiance en toi.

— Et tu as raison, fit Caudirol, car il faudrait que cette créature fût bien extraordinaire pour éveiller seulement mon attention. Tu remplis mon cœur tout entier. Il n’y a point de place pour une autre.

La Sauvage baisa passionnément le bandit sur la bouche.

— Mon beau mâle ! fit-elle avec amour.

Et elle lui fit parcourir le lupanar.

— Tu vas voir Démone, dit-elle enfin.

— Démone ?

— Oui, c’est le nom ou le surnom de l’étoile dont je t’ai parlé. Je te l’ai gardée pour la bonne bouche.

La vue de toutes les femmes du lieu, nues et à demi-nues, les parfums, les tableaux lascifs, tous ces excitants avaient bouleversé les sens du bandit.

La Sauvage qui s’en aperçut sourit malicieusement.

— Va, dit-elle, pauvre ami. Je suis là.