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LE DOCTEUR-NOIR

— Rien, répondit Caudirol tout pâle,

En lui-même il murmura :

— La baronne de Cénac, ici, vivante !

En effet la superbe créature qu’il avait entrevue n’était autre que la ressuscitée.

On sait par ce qui précède comment elle était tombée dans ce lieu de débauches après avoir échappé à Jean-Baptiste Flack…

Quand Caudirol quitta le lupanar, absorbé et inquiet, il ne remarqua point dans la cour une vieille femme qui eut une secousse nerveuse en l’apercevant.

— Lui ! le prêtre ! l’assassin de ma Pitchounette.

Il venait lui aussi d’être reconnu.

Son regard distrait était tombé sur l’italienne, recueillie par la Sauvage, mais elle était si changée par ses malheurs et sa folie qu’elle ne lui rappelait rien.

Le hasard semblait tourner tout à coup contre le bandit.

Foudroyé par la rencontre de madame de Cénac ou de son portrait vivant, il tombait sous le coup de la vengeance de la malheureuse mère.

Il s’en alla écrasé.


CHAPITRE IX

Mazas.[1]

La suite de ce récit va rouler sur cette lugubre maison de prévention : Mazas.

Nous avons cru devoir éclairer la nuit qui enveloppe cette geôle où journellement douze cents hommes enfermés et comprimés dans d’étroits cachots se tordent de désespoir.

Voici l’histoire de cette prison et sa description :

Le 21 août 1836, le Conseil général décida la construction d’une maison d’arrêt cellulaire, qui devait être construite sur le boulevard de l’Hôpital, moyennant une dépense de 3,455,313 fr.

  1. Le lecteur voudra bien excuser cette digression qui n’est pas sans intérêt pour la suite du récit. D’ailleurs, les Mystères du Crime, comme le titre l’indique, ne sont pas une œuvre de pure imagination, mais une étude sur la criminalité en général.