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LE DOCTEUR-NOIR

L’avocat pesait ses paroles une à une.

— Ce n’est pas tout, continua-t-il, il m’a dit de vous répéter que ce qu’il vous a promis se réaliserait à la lettre.

Après quelques minutes de conversation banale, le défenseur se retira.

Lucien Bartier était soucieux.

— Le pauvre garçon s’illusionne, pensait-il, le brave Flack ne se doute pas des difficultés insurmontables que présente une évasion de Mazas. — Enfin… qui sait !

Il rentra dans sa cellule.

Au bout d’un moment, le guichet de la porte s’ouvrit.

— Promenade ? fit le surveillant.

— Au fait, oui, se dit le Docteur-Noir. J’ai besoin de prendre l’air.

Et il répondit à cette question par un signe de tête affirmatif.

Les deux compagnons de cellule ne voulurent pas sortir ; car le temps était mauvais. La porte venait de s’ouvrir.

Lucien Bartier rebroussa chemin jusqu’au milieu de la galerie, et remit, la plaque de sa cellule à un sous-brigadier.

Celui-ci l’accrocha à un cadre en regard du numéro d’un promenoir et il donna un coup de sonnette.

C’était pour annoncer le promeneur qui descendit l’escalier et se trouva dans un préau.

Un gardien l’enferma dans un compartiment.

C’était toujours la cellule, mais une cellule à ciel ouvert.

Il était séparé de la rue, de la liberté, par la grille du promenoir et les deux murs de ronde.

Il apercevait les étages des maisons voisines.

Son regard tomba sur des échelles de maçons couchées le long du premier mur de ronde.

Le deuxième mur plus haut était en réparations.

Un ouvrier scellait les interstices des pierres, perché sur une haute échelle.

Le temps devenait plus mauvais.

La pluie tombait avec force.

Le maçon redescendit pour se mettre à couvert.

Une idée audacieuse germa dans le cerveau du Docteur-Noir.

Il sauta sur le bloc de pierre du promenoir et escalada le petit mur, sur le dos duquel il marcha jusqu’à ce qu’il eût atteint le toit en dos d’âne.

Il le franchit et sauta en bas.

Il était hors du promenoir.

Les surveillants n’avaient rien vu.

Le fugitif saisit une échelle et l’appliqua contre le mur de ronde.

Du coup, les gardiens s’aperçurent de l’évasion et accoururent.