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LES MYSTÈRES DU CRIME

Le domestique du Docteur-Noir ne lui avait pas caché le nom de son maître.

Le gamin qui savait bien que M. Bartier n’avait pu commettre les crimes dont on l’accusait, avait à son tour raconté à Jean-Baptiste Flack l’expédition du Père-Lachaise à laquelle il avait pris part.

Toutefois il n’avait pas voulu donner le signalement ni les adresses de ses anciens complices…

La grande porte de fer de Mazas s’ouvrit devant la voiture et se referma lorsqu’elle fut passée.

Flack rentra dans le couloir du greffe.

Il éprouva une violente commotion.

Son maître était devant lui, pâle, les traits amaigris ; il marchait péniblement soutenu par deux surveillants.

Le brave serviteur craignit qu’il ne vînt à se trahir.

Mais le Docteur-Noir resta muet et impassible.

Il se laissa asseoir dans le fiacre sans manifester la moindre émotion.

Jean-Baptiste Flack prit place à côté de lui et referma la portière.

M. Cuplat suivit la voiture qui s’éloignait…

— Écoutez donc, dit-il à Flack.

— Qu’y a-t-il, fit celui-ci qui sentait ses craintes le reprendre.

— Savez-vous le motif de cette extraction ?

— Oui, c’est pour procéder à un complément d’enquête. L’ordre est venu du parquet.

— Pas possible !

— C’est comme je vous le dis.

— Ah ! cela me soulage, je craignais que ce ne fût une marque de mécontentement.

— Y pensez-vous !

— Je me disais que vous emmeniez mon prisonnier à la Santé.

— Jamais de la vie.

— Alors vous me le ramènerez ?

— Ce soir même.

— Bon voyage donc, mon cher brigadier.

— Merci, monsieur Cuplat.

Et le fiacre partit.

— Qu’est-ce que cela signifie ? fit le Docteur-Noir stupéfait.

Flack le prit dans ses bras et l’embrassa avec ivresse.

— Pardon, excuse, dit-il, quand sa joie exubérante se fût un peu calmée, mais je suis si heureux. Vous êtes sauvé.

Lucien Bartier lui rendit chaleureusement son étreinte.

— Brave cœur ! s’écria-t-il.