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Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/460

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LE DOCTEUR-NOIR

Il regardait toujours.

— C’est elle, murmura-t-il.

Tout à coup une lueur brilla au-dessus de sa tête et il s’abattit comme une masse.

La vieille Italienne venait de lui enfoncer son couteau entre les épaules.

Une rage la saisit.

Elle se précipita sur le misérable qui râlait et elle le cribla de coups.

Son couteau s’abattait sur le corps du bandit, le trouait et sortait ruisselant de sang.

— Tiens ! hurlait-elle. C’est comme ça que tu as fait à ma Pitchounette. Tiens, tiens, tiens !

Enfin, elle se releva et jeta son arme.

Puis elle s’en alla sans bruit et gagna la rue.

Une fois dehors, elle eut un éclat de rire sauvage.

— Elle est vengée ma Pitchounette !

Et elle s’éloigna d’un pas précipité…

Quand la Sauvage rentra, on lui apprit que son amant l’attendait au salon.

Ne l’y trouvant pas, elle se sentit mordue au cœur par un soupçon jaloux ?

S’il avait été voir Démone cette mangeuse d’hommes, cette goulue d’amour !

En un instant elle y courut.

Mais au seuil de la porte elle s’arrêta, muette d’horreur.

Caudirol, percé de mille coups, gisait sur le parquet dans une mare de sang. Le monstre avait vécu.

La Sauvage fut prise d’un tremblement nerveux.

— Mort ! lui ! dit-elle en grinçant des dents.

Sa tête s’égarait.

Ce spectacle hideux, imprévu avait foudroyé sa raison.

La folie faisait battre ses tempes.

Son cerveau, brisé par la secousse, était incapable de penser.

Elle délirait :

— Ah ! oui, tu me dis de venir, mon beau mâle. Me voici.

Et soudain, ramassant l’arme jetée par l’Italienne, elle se la plongea dans le cœur…

Lorsque madame Paulia, inquiète de ne plus voir la Sauvage vint par hasard jusqu’à la chambre de Démone, elle aperçut la Sauvage couchée sur le corps de son amant.