Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/459

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
459
LES MYSTÈRES DU CRIME

Il était revenu à Paris et avait acquis un splendide hôtel près du Parc-Monceau.

Il y installa sa femme.

Depuis plus d’un mois ses compagnons de crime et la Sauvage n’avaient pas eu de ses nouvelles.

Un jour, celle-ci reçut une liasse de billets de banque avec ces seuls mots :

« J’ai réussi. Voici un million pour distribuer à nos hommes. Fais en sorte que je sois débarrassé d’eux. J’arrive.

« Renaud. »

La Sauvage, au comble de la Joie, remit à chacun des bandits une somme de cent mille francs en leur rendant leur liberté.

Elle conserva trois cent mille francs pour elle-même.

Elle demeurait toujours dans la maison de Paulia.

Pour récompenser celle-ci de ses bons offices elle lui monta une écurie du meilleur goût.

L’ancienne madame Poivre-et-Sel était parvenue au pinacle.

Jamais matrone d’établissement clandestin n’avait eu voitures et chevaux de race, comme elle.

La bonne dame ne cessait de le répéter.

En attendant le retour de son amant, la Sauvage se pavanait au bois de Boulogne.

Elle se sentait prise d’un besoin de luxe insatiable.

Pendant une de ses absences, Caudirol arriva.

Il était connu dans la maison.

On lui dit que sa maîtresse et madame Paulia étaient parties ensemble et qu’elles ne reviendraient que le soir.

Resté seul, il songea à satisfaire une curiosité qui le tenait fortement.

Il voulait revoir cette Démone qui semblait être la résurrection de madame de Cénac.

Il traversa les pièces et, dans l’une d’elles, il ne remarqua point une vieille femme qui le regarda avec un éclair de haine.

C’était Marita, la mère de la Pitchounette !

Elle avait reconnu Caudirol.

Sans bruit, très doucement, elle le suivi.

Le bandit parvint jusqu’à l’endroit d’où l’on pouvait voir Démone, sans-être vu d’elle.

Il colla son œil au judas et s’absorba dans une muette contemplation.

Derrière lui dans la demi-obscurité de la pièce, s’avançait une ombre…