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Page:Moselli - La Cité du gouffre, 1926.djvu/10

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L’homme tremblait violemment.

Bouche ouverte, yeux ronds, sa physionomie exprimant une épouvante sans nom, il regarda autour de lui, comme s’il eût eu peine à se rendre compte de la réalité :

J’ai rêvé ! murmura-t-il.

— Rêvé quoi ? questionna Mercier, étonné de ces paroles inattendues.

L’homme ne répondit pas. Ses sourcils froncés, la profonde ride barrant son front révélèrent qu’il réfléchissait intensément.

Mercier en profita pour l’examiner. C’était un individu paraissant une quarantaine d’années. Sa barbe et ses moustaches, qu’il devait raser habituellement, étaient longues d’environ un centimètre. Les cheveux, rares, grisonnaient. Le front était haut, les yeux profondément enfoncés sous l’arcade sourcilière. Le nez, un peu fort, était veiné de rouge. La bouche avait un pli cynique et désabusé. Au demeurant, une physionomie intelligente, mais peu sympathique.

« Toi, mon ami, tu dois aimer le tafia ! » pensa Mercier, qui tendit au mystérieux naufragé le verre d’alcool dont il lui avait déjà fait boire quelques gorgées.

L’homme le regarda, prit le verre, eut une brève hésitation, et, d’un trait, vida le récipient.