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Page:Moselli - La Cité du gouffre, 1926.djvu/20

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sentis que le plancher décrivait un angle de plus de quarante-cinq degrés avec l’horizontale !… Le Thames était presque chaviré !

» Je pus me mettre debout, pourtant, et m’aperçus que le parquet s’enfonçait sous mes pieds, comme un ascenseur qui descend !

» Le Thames sombrait.

» Il s’enfonçait en zigzaguant, avec des mouvements onduleux, exécutant des glissades latérales, se redressant, piquant du nez…

» Autour de moi, j’entendais des chocs sourds qui faisaient vibrer les tôles ; je percevais des gargouillements formidables…

» J’avais repris tout mon sang-froid. Quand on a envisagé les travaux forcés à vie, l’on peut envisager la mort !

» Comprenant que, si je restais dans la chambre forte, j’allais y périr lentement d’asphyxie ou de noyade, je voulus en ouvrir la porte, pour essayer d’en sortir, de revenir à la surface. Mais j’en restai là. Je réalisai que, déjà, c’était impossible. La chambre du commissaire, son bureau, la coursive, que je devrais traverser avant d’atteindre le pont, étaient déjà pleines d’eau. Impossible de passer.

» La sueur perla le long de mon échine…

» Le navire continuait sa descente. À chacune de ses oscillations, les boîtes de pierreries, les