Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/4

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en incrustant ses dents petites et jaunes dans le tuyau de corne de sa courte pipe. Avec ces maudits gibiers que j’ai à bord, il faut que je...

Land ! ho ! (Terre !) cria à ce moment l’homme de vigie perché dans les barres de perroquet.

— Tu es fou ou soûl, l’homme ? glapit Ellis en levant la tête vers le marin qui avait crié.

Car il savait qu’aucune terre, île ou atoll ou simple récif, n’existait à cent milles à la ronde.

— Terre droit devant, captain ! précisa l’homme de veille.

— Le porc doit être ivre, c’est certain ! murmura le capitaine du Grampus, oubliant que, depuis longtemps, il n’existait plus une goutte d’alcool à bord, sauf dans sa cabine, à lui.

Machinalement, pourtant, il regarda vers l’avant.

Damn’d ! s’écria-t -il entre ses dents serrées.

Sa stupéfaction était si intense qu’il faillit lâcher sa pipe.

À moins de trois milles en avant du brick, un large îlot, de forme circulaire, émergeait de l’océan.

Qu’on se figure une lentille de pierre entourée d’une dentelle d’écume phosphorescente... Et, sur l’étrange îlot, pas une lumière, pas un arbre, du moins rien de visible pour l’instant.