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velles. C’est le propre des âmes simples de créer de la jeunesse autour d’elles.

Quand reviennent les premières chaleurs, on reste de longues heures, à causer, le soir, sur les bancs de pierre, auprès des granges.

Pourtant on s’est levé de bon matin pour aller, l’un à son pré et l’autre à sa vigne. Mais on a tellement dormi pendant les nuits d’hiver. Il est de pauvres vieux qui se couchent à quatre heures du soir, au mois de décembre, pour économiser la chandelle !

Vient mai ! On est heureux alors de respirer les bouffées d’air frais qui montent dans la nuit, de sentir sur son dos la réverbération des murs brûlés de soleil et qui, le soir venu, laissent rayonner leur tiédeur.

Les portes restant entr’ouvertes, les lampes projettent de grands rais de clarté dans la rue.

On s’était réuni ce soir-là, devant la maison des Noel.

Le ciel était encore clair, et les chauves-souris, les souris volantes, comme on dit là-bas, le rayaient de leur vol saccadé. Elles sortaient, nombreuses, des trous des vieux murs où elles dorment tout l’hiver, suspendues par un pied, enveloppées dans le manteau de leurs ailes brunes. Des hannetons aussi volaient en tous sens, avec de gros bourdonnements sourds ; parfois l’un d’eux choquait le zinc des gouttières avec un bruit mat, et tombait sur le sol, comme une balle.

Cela surtout était l’indice de la belle saison, ce vol