Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/251

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Alors Thérèse rougissait.

Loin de les rassasier, la possession les attacha plus étroitement, de jour en jour. Leurs êtres façonnés par la volupté, et toujours plus vibrants, comme des instruments travaillés par des sons, leur donnaient l’illusion d’être fondus l’un dans l’autre. Quand il fallait se séparer, c’était un arrachement de leurs personnes, par où saignaient en eux des fibres inconnues.

Certaines nuits orageuses et lourdes, le ciel flambait d’éclairs de chaleur qui incendiaient à l’horizon des amoncellements de nuages noirs. Des campagnes venaient des souffles embrasés, qu’on eût dit sortis de la gueule d’un four. Ces soirs-là, ils connurent si puissamment le frisson de la volupté, qu’elle leur devint une souffrance.

Un soir, Pierre fit allusion à son prochain départ. Elle eut une clameur si navrée, que Pierre stupéfait ne trouva plus rien à lui dire ; elle s’abattit sur sa poitrine, tandis qu’il sentait de grosses larmes chaudes qui roulaient sur ses mains. Puis elle resta longtemps, couchée sur les genoux de Pierre, immobile et comme morte ; seulement, de temps à autre, un frisson de douleur traversait tout son corps, et la faisait claquer des dents.

Pierre, tout soucieux, regardait la fuite monotone des eaux au fond des ténèbres.

Thérèse apparut transformée.

La belle fille était devenue une créature d’amour dont le corps, par ses lassitudes et ses inflexions molles,