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QUATRIÈME PARTIE




Dominique gravit lentement la côte.

La maison était toujours là, au bord de la route, seulement un peu plus affaissée sous le poids de sa toiture, offrant aux vents desséchants et aux pluies sa façade ventrue, maculée de traînées grisâtres, où s’ouvraient des lézardes, pareilles à des blessures. La borne adossée à l’angle du mur pour le garantir du choc des voitures qui passaient, était un peu plus rongée de mousse et, dans la treille jaunie qui garnissait la fenêtre, quelques feuilles desséchées frissonnaient.

Et l’immense douleur qui pesait sur l’âme du vieux, depuis que Pierre était parti, s’allégea un peu, faisant place à une sorte de satisfaction triste, quand il revit le coin de terre où il avait vécu.

Mais une vision soudaine, effrayante comme une hallucination, lui montra Pierre tout enfant, alors qu’il courait dans le jardin, cognant sa tête aux branches basses des pruniers. La vue des arbres et des murs familiers lui emplit le cœur d’une nouvelle amertume.

Il se décida à entrer. Le vieux Guillaume s’empressa, tandis que le toc-toc de sa jambe de bois sonnait dans