Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/99

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était semée de taches de rousseur. Il y avait de la coquetterie dans sa cravate de couleur trop voyante, qui portait une fleur brodée à l’aiguille au milieu d’un losange écarlate. Sa chaîne de montre aussi était à la mode, ornée de grosses pendeloques de pierre bleue, d’où pendait une frange d’argent.

Prenant la main de Marthe, il la tapotait doucement, en lui disant des paroles tendres.

Des filles d’un village voisin, qui la reconnurent, lui adressèrent, de la table voisine, un sourire complimenteur. Elle était heureuse.

Le soleil descendait, versant sur les sapins une clarté rouge.

Comme il insistait pour la ramener à la danse, elle refusa avec son air de fille raisonnable, avec cette décision tranquille, qu’elle apportait dans ses moindres propos. N’avait-elle pas promis à ses parents de rentrer de bonne heure ? Elle prit le petit chemin, bordé de saules, qui montait vers le bois.

À mesure que le soir tombait, la fête devenait bruyante et désordonnée. Une gaieté lourde passait dans le bal, et aussi une fièvre de plaisir, qui nouait de plus près les étreintes et serrait les bras autour des corsages. Parfois on entendait le bruit d’un baiser, s’écrasant à pleines lèvres. Du plancher piétiné montait un nuage de poussière, qui vous prenait à la gorge et vous donnait encore plus soif. Jusqu’à la musique du petit homme colère qui s’affolait, devenait enragée et trépidante, faisait vibrer furieusement son chant mélancolique de grillon perdu dans les hautes herbes.

Pierre maintenant ne cessait pas de faire danser la