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Une comparaison entre l’Amérique et l’Europe

J’aurais fait plus, si seulement j’avais commencé à prôner l’amour quand j’ai d’abord commencé à écrire des histoires. Ce sont Schopenhauer et la Bible qui m’ont convertis.

Je suis un individualiste et en tant que tel je crois au libre jeu de la nature psychologique de l’homme. Pour cette raison, les anarchistes se réclament de moi. Même Georges Brandes déclare que je suis en accord philosophique avec les idées du Prince Kropotkine.

L’idée du communisme et ce qu’il implique réfère aux conditions sociales, et il serait pour moi contraire à la raison et au bon sens de demander que chacun garde aussi peu de choses que moi, mange la même nourriture, porte les mêmes vêtements ou ait les mêmes sentiments qui me sont propres. Un homme n’est pas une montre. Chacun est un monde en lui-même. C’est donc une illusion de croire en l’économie matérialiste comme si c’était une religion. Il est donc stupide de vouer un culte à l’idée du socialisme.

Après tout, on dirait vraiment que le monde aime être trompé. Si nous n’avions pas nos illusions nous ne pourrions jamais trouver la vérité. À travers l’erreur nous en venons à la vertu, à travers l’erreur à la connaissance, et à travers la souffrance à la joie.

Naturellement, ces opinions ne sont pas populaires avec les socialistes, qui s’opposent donc à moi avec une haine acharnée. Ils aiment à répandre le bruit [ « spread broadcast » ] que je suis un simple parleur, plutôt quelqu’un qui observe la parole.

Je ne suis pas partisan dans mes sermons d’amour et de vérité. Je condamne et les révolutionnaires et les réactionnaires. Je déteste le joug de parti ; car je crois que toute force physique est brutalité.

Mon opposition au pouvoir administratif a été interprétée comme une opposition à tous gouvernement. Mais ce n’est pas vrai. Je m’oppose seulement à la violence et à l’opinion que la force fait le droit.

Le seul gouvernement auquel je crois est celui qui exerce une autorité morale. Moïse, Bouddha, Christ, voilà les grands législateurs, les autocrates véritables, qui gouvernaient non par la force, mais par la moralité, et dont le gouvernement était celui de l’amour, de la justice et de la fraternité.