Page:Motion de M. de Cocherel à la séance du 29 août 1789.djvu/8

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^J LA Luzerne , Minifoe de la Marine ; cette Ordonnance, iî précieufe à la Colonie , a été cafîee , & le vertueux Gouverneur vient d^tre rappelé. Les Députes de Saint-Domingue ont fait d'inutiles repré- fentations à cet égard, au Miniftre de leur Département; en vain ont-ils mis fous fes yeux les dangers d'une FAMINE inévitable ; en vain lui ont-ils tracé le tableau eflrayant du défefpoir ; en vain ont-iîs réclamé le fecours du pouvoir exécutif pour en arrêter les fuites ; en vain ont-iîs provoqué îa fan6lion du Roi fur l'Ordonnance de M. îe Marquis du Cliilîeau : M. de la LUZEKNE a fermé l'oreille à leur jufte réclamation ; il a refufé les fecours d'humanité , commandés impérieufement par îa LOI NATURELLE ; ii a oppofé à cette Loi irréfiftible , les Loix PROHIBITIVES qui con- dam^nent les Colonies à îa famine , lors même que le Commerce François ne peut fournir à leur fubfiftance. Vous frémiriez , MESSIEURS , fî ïe temps me permettoit de vous développer les détails de nos malheurs ; mais vous ne les attendrez pas pour fauver des Citoyens , vos frères , de l'horreur d'un fléau qui les défoîe. Vous ordonnerez promptement des fecours PROVI* SOIRES ; les États-Unis nous les offrent : limitez-eri îa durée dans votre fagefle ; pefez nos befoins ; envifagez un inftant nos malheurs , & oubliez au moins , dans des momens de calamité , la rigueur des loix prohibitives , toujours odieufes , toujours tyranniques, lorfqu'elîes por- tent fur des objets de première néceffité. Remettez , fi vous le voulez , Messieurs , à un autrô moment , la difcuffion du fond de cette queftion impor- tante; mais décrétez provifoi rement que l'importation des farines Américaines fera libre dans tous les Ports d'Ami- rauté de Saint-Domingue , & même dans ceux de toutes