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dans ces grandes choses ; moi content d’être venu à Patawi. »

Du côté opposé, c’est-à-dire au sud, le tableau est différent ; c’est une plaine immense qui s’étend de la base de Patawi et des monts voisins jusqu’au-delà d’Ajuthia, dont on aperçoit même les hautes tours qui se confondent avec l’horizon à plus de cent vingt milles de distance. Du premier coup d’œil on voit que cette plaine était recouverte par la mer à une époque peu reculée, où toute la partie méridionale du Siam formait un golfe : de nombreux coquillages marins que je trouvai sur le sol et dans la terre, et parfaitement conservés, en sont une autre preuve, tandis que les empreintes, les roches, les coquilles fossiles prouvent également un bouleversement de beaucoup antérieur à cette époque.

J’eus à Patawi, avec les bons montagnards laotiens, une répétition des veillées que j’avais eues à Phrâbat ; tous les soirs, après le travail des champs, plusieurs venaient pour voir le farang. Ces Laotiens diffèrent un peu des Siamois ; ils sont plus grêles et ont les pommettes un peu plus saillantes ; ils sont généralement aussi plus bruns et portent les cheveux longs ; tandis que les autres se rasent la moitié de la tête, ne laissant croître de cheveux que sur le sommet. On ne peut refuser aux Laotiens le courage du chasseur, s’ils n’ont pas celui du guerrier. Armés d’un coutelas ou d’un arc avec lequel ils lancent adroitement à plus de cent pas des balles d’une argile durcie au soleil, ils parcourent leurs vastes forêts, malgré les léopards et les tigres dont elles sont infestées. La chasse est leur principal