Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/120

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encore assez fraîche, la vie semble s’arrêter ; les oiseaux ont fui vers les lieux où ils trouvent à se désaltérer et recherchent de préférence le voisinage des habitations et les bords des rivières où les insectes, en nombre immense, leurs fournissent une abondante nourriture. Rarement un chant vient charmer l’oreille ; l’aigle pêcheur seul fait entendre son cri rauque et perçant chaque fois que le vent change. Les fourmis en essaims innombrables surgissent, au contraire, de partout ; le sol, les arbres, tout en est couvert, et elles paraissent être, avec les moustiques, et quelques grillons, les seuls insectes qui aient échappé à la destruction. En poursuivant les troupes de singes qui s’enfuyaient à mon approche, ou bien en suivant les traces des daims ou des léopards, dont plusieurs tombèrent frappés de mes balles, nulle part je ne trouvai dans ces iles la moindre trace de sentier, ni source, ni ruisseau ; je n’avançais que très-difficilement à travers les masses de lianes et de branches entrelacées, la hache à la main, et ce n’est qu’épuisé par la chaleur et la fatigue que je revenais au rivage.

La plupart des roches de ces montagnes, comme celles des îles, sont métamorphiques, c’est-à-dire d’anciennes roches sédimentaires qui ont conservé beaucoup de traces de leur ancien dépôt sous les eaux, mais qui ont subi un changement dans leur structure et dans leur composition par l’action des volcans. Toutes renferment un grand nombre de filons et d’amas auxquels en géologie l’on donne le nom de « gîtes de contact, » c’est-à-dire de gîtes métallifères qui, encastrés dans des roches stratifiées