Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/149

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par une bonne brise. J’étais heureux d’avancer et de pouvoir enfin respirer à pleins poumons ; aussi je restai une partie de la nuit sur ma petite tente de palmier, jouissant de la beauté du ciel et de la marche rapide de notre bateau. À la pointe du jour, nous aperçûmes la première île Koh-Kong à notre gauche, à une distance d’à peu près dix milles. C’est une île déserte ; mais on y recueille de la gomme-gutte ; elle est moins grande que Koh-Xang ou Koh-Chang et n’offre pas un aspect aussi imposant, ni une suite de pics aussi majestueux. C’est à Compong-Sôm, près de Kampôt, que l’on recueille la plus grande partie de la gomme-gutte et le beau cardamome qui se trouvent dans le commerce ; les indigènes renferment la première dans des bambous, qu’ils fendent lorsqu’elle est durcie.

Nous eûmes bientôt oublié les petites misères de la première partie de notre voyage et nous fûmes bien dédommagés par la beauté des sites et l’aspect enchanteur du groupe d’îles et d’îlots que nous côtoyions à une courte distance. Nous arrivions dans des parages infestés par les pirates de Kampôt. Placés sur les hauteurs, ils observent la mer et, dès qu’ils aperçoivent une voile, ils s’apprêtent à l’attaquer au passage. Nous avancions paisiblement, sans souci des forbans, car nous n’avions avec nous aucune marchandise qui pût les tenter, et, du reste, nous « étions bien armés et en état de repousser ceux d’entre eux qui auraient essayé de nous attaquer. Vers cinq heures du soir, nous jetâmes l’ancre dans l’anse d’une petite île afin de faire cuire le riz du soir et d’accorder à mes hommes un peu de repos,