« Veuillez me montrer cette canne, » dit-il en cambodgien. — Je la lui présentai.
« Est-elle chargée ? ajouta-t-il en voyant que c’était une arme.
— Non, Sire. »
Alors il l’arma, me demanda une capsule et la fit partir ; puis il dévissa le canon qui était à balle forcée et examina le travail avec attention.
« Si elle peut être agréable à Sa Majesté, dis-je à M. Hestrest, je serais heureux de la lui offrir. » L’abbé traduisit mes paroles.
« Q’a-t-elle coûté ? » répondit le roi.
Et comme l’abbé, à mon instigation, lui faisait une réponse évasive, il me pria de lui faire voir ma montre : je la lui présentai, et quand il l’eut examiné avec attention, il m’en demanda aussi le prix. L’abbé, après le lui avoir dit, lui parla de mon intention d’aller à Udong, la capitale du Cambodge, et de parcourir le pays.
« Allez à Udong, c’est très-bien, promenez-vous, promenez-vous, » me dit-il en riant.
Puis il demanda mon nom, et, comme il cherchait à l’écrire, je tirai mon portefeuille et lui présentai ma carte. Ceci lui inspira le désir d’avoir mon portefeuille. Je m’empressai de le lui offrir.
« Sire, dit alors M. Hestrest, puisque M. Mouhot va à Udong, Votre Majesté daignera sans doute lui faciliter le voyage.
— Mais volontiers ; combien voulez-vous de chariots ? »
J’en aurais demandé dix, que je les aurais obtenus.
« Trois me suffiront, Sire, répondis-je.