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mes compliments pour cette majesté, et j’en louai d’autres à mes propres frais.

Udong, la capitale actuelle du Cambodge, est située au nord-est de Kampôt, à deux lieues et demie de l’affluent du Mékong, qui vient du grand lac, et à cent trente-cinq milles à peu près de la mer, distance prise à vol d’oiseau.

On compte huit stations et huit jours de marche jusque-là, en voyageant avec des bœufs ou des buffles ; les éléphants font facilement deux stations par jour ; ce qui abrège le temps de moitié ; mais il n’y a que le roi, les mandarins et les riches particuliers qui puissent posséder et nourrir de ces animaux. Les chariots que nous louâmes pouvant à peine contenir nos bagages, moi et mes hommes nous fûmes forcés de partir à pied.

Après avoir traversé, une plaine marécageuse où nous abbattîmes quelques oiseaux aquatiques communs, nous entrâmes dans une belle forêt, qui, sans la moindre éclaircie, se prolonge jusqu’aux portes d’Udong. Pour traverser son sol marécageux, j’avais dû me chausser de mes bottes de chasse que je n’avais pas portées depuis quelque temps et dont le cuir s’était durci. Après deux heures de marche sous un soleil de feu, je sentis mes pieds s’écorcher dans plusieurs parties. Je fus obligé de me déchausser et de continuer la route pieds nus. Heureusement elle était presque partout unie et belle à cause de la sécheresse et des fréquentes communications entre Kampôt et la capitale. La chaleur était excessive, et nos chariots d’une lenteur désespérante. Enfin nous arrivâmes à la première station, où je fus casé dans