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cadet, portant le sabre du roi, marchait à côté de lui, et sur la même ligne. J’étais de l’autre côté. Sa Majesté se tournait souvent de mon côté pour me faire remarquer les objets les plus frappants en traversant la rue, et pour lire aussi sur mon visage l’impression que me causait l’effet que sa présence produisait sur le peuple. À l’approche du cortège, toute la population accourue pour le voir se prosternait. En tête marchait trois licteurs, l’un devant, les deux autres à quelques pas derrière, portant à deux mains des faisceaux de rotins, symboles de la puissance ; derrière le palanquin suivaient deux à deux les chambellans et les pages, au nombre de plus de trente, tous en langouti rouge et portant sur l’épaule des piques, des sabres et des fusils dans des étuis. Nous arrivâmes ainsi à la porte de l’enceinte du palais du premier roi.

Sa Majesté mit pied à terre, et, tout en conservant le même ordre de marche, nous suivîmes une charmante avenue d’un demi-mille à peu près de largeur plantée de jeunes arbres et entourée d’une muraille de planches.

De l’avenue, le terrain va en déclinant, couvert de pelouses et de jardins, et bordé d’une ligne d’une centaine de petits cottages aux murs d’argile et aux toits de chaume.

« Toutes ces maisons sont habitées par les femmes de mon père : il n’y a pas un seul homme, » me dit le jeune roi.

Plus loin s’étend un large bassin entouré de verdure et répandant la fraîcheur et la gaieté dans cet enclos. Sur un des côtés de ce petit lac, encadrés