Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/181

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dans le feuillage de ses bords et réfléchis dans sa nappe d’eau, s’étendent les bâtiments royaux, les uns blanchis à la chaux, les autres construits en simples bambous.

Nous traversons quelques chambres ou ateliers où de pauvres femmes annamites filent et tissent de la soie, puis nous passons devant le trésor et les magasins du roi, et nous arrivons dans une vaste salle construite à l’entresol et qui constitue ce que l’on nomme spécialement le palais. L’intérieur ne répond certes pas à l’extérieur. Cette salle est encombrée, comme un bazar, de bocaux, de vases de fleurs artificielles recouverts de globes, de coussins de toutes les couleurs et de toutes les dimensions ; sur les tables, sur les rayons, sur le plancher, on a entassé des boîtes, des cadres chinois, des pantoufles, et une foule d’objets et d’instruments d’Europe, de vieux divans, des glaces, des lavabos, etc., etc. Après m’avoir fait de nouveau parcourir les jardins, le jeune roi, qui devait passer la journée dans ce palais, me fit reconduire par un de ses chambellans.

Peu après le coucher du soleil, le peuple accourut en foule pour assister au spectacle, qui devait commencer à sept heures, au retour du roi. La multitude était si compacte, qu’il n’y avait pas dans la cour un seul pouce de terrain inoccupé ; les murs mêmes étaient couverts de monde. Sans doute qu’à ces réjouissances il est permis de déroger à l’usage général et que le peuple n’est pas tenu de se prosterner, car tout le monde, à l’intérieur comme à l’extérieur du palais, était assis à l’orientale. Ce spectacle était tout simplement une pasquinade fan-