Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour un collier de perles, on peut avoir un faisan ou cent épis de maïs. Les hommes ne portent généralement qu’un bracelet au-dessus du coude ou au poignet, tandis que les femmes s’entourent les bras et les jambes des mêmes ornements.

Les individus des deux sexes ont les oreilles percées d’un trou qu’ils agrandissent chaque année en y introduisant des morceaux d’os ou d’ivoire de trois pouces de longueur.

La polygamie est en usage chez les Stiêngs, quoiqu’il n’y ait guère que les chefs qui soient assez riches pour se permettre le luxe de plusieurs femmes. Je me trouvais parmi eux au moment d’une éclipse totale de soleil qui, je pense, fut visible en Europe ; comme les Cambodgiens, ils prétendent que ce phénomène est causé par un être puissant qui engloutit la lune ou le soleil, et ils font, pour secourir l’astre en danger, un vacarme effroyable. Dans l’occasion dont il s’agit, ils battirent du tam-tam, poussèrent des cris sauvages tout en lançant des flèches dans l’air, jusqu’au moment où le soleil reparut. Un de leurs amusements favoris est de lancer des cerfs-volants auxquels ils attachent un instrument de musique assez semblable à un arc. Pendant la nuit, lorsque le cerf-volant plane dans les airs, agité par le vent, il produit des sons doux et agréables qu’ils écoutent avec plaisir.

Leur mémoire est courte, et ils ont grand’peine à apprendre à calculer. Lorsqu’ils ont une centaine d’épis de maïs à vendre, ils les disposent par dizaines et mettent un temps infini pour s’assurer que le nombre est exact.