Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils ont des guerres fréquentes, mais jamais très-sérieuses, suites de représailles entre les villages voisins ; ils cherchent à se surprendre dans leurs champs ou sur les chemins et à se faire prisonniers. Le captif est alors conduit la cangue au cou et vendu comme esclave aux Laotiens et aux Cambodgiens. On peut dire que leur caractère est doux et timide ; à la moindre alerte, ils se retirent dans les bois et enfoncent dans les sentiers des dards de bambous aigus et taillés comme des stylets, qui très-souvent percent de part en part les pieds de ceux qui les poursuivent.

Il y a une différence très-notable entre les mœurs des sauvages de Brelum et ceux des villages environnants, et on doit cela à la présence de la croix, aux bons et courageux missionnaires qui, réduits à n’opérer que bien peu de conversions, — la plus grande de leurs peines, — ont au moins la consolation de pouvoir, par leur présence continuelle, leurs bons exemples et leurs conseils, adoucir les mœurs, éclairer l’intelligence, en un mot, civiliser ces malheureuses créatures.

La faune de ce pays ne diffère pour ainsi dire pas de celle du royaume de Siam. Ainsi, sauf quelques belles coquilles terrestres, de beaux insectes, dont plusieurs spécimens nouveaux dans ces deux genres, et un très-petit nombre d’oiseaux intéressants, je ne rapporterai de mon excursion que le plaisir d’avoir pu étudier les mœurs de ce peuple curieux, et contribué à le faire connaître ; si toutefois mes notes de voyage, prises à la hâte et sans autre prétention que celle d’une exactitude scrupuleuse, sont appelées à