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sur la poignée d’un poignard et placées l’une sur l’autre, un éléphant à quatre têtes et quelques autres figures de fantaisie.

Un peu au-delà, on remarque de magnifiques colonnes, les unes encore debout, les autres penchées ou renversées, des portes dont le sommet seul dépasse le sol, çà et là des monceaux de pierres taillées, des tours presque entièrement éboulées, des pans de murs de galeries, enfin un beau bassin à sec, de dix-huit mètres carrés, profond encore de deux mètres, et dont chaque côté forme un escalier en concrétions ferrugineuses, qui occupe toute la largeur du réservoir.

La tradition fait de Bassette un palais de plaisance où les souverains du pays séjournaient de temps en temps.

Battambâng est d’origine assez récente ; il n’y a guère qu’un siècle qu’autour des ruines de Bassette se groupait encore une nombreuse population cambodgienne qui a disparu en entier à la suite des guerres réitérées que ce pays a eu à soutenir contre les Siamois.

Les habitants de cette province furent emmenés captifs par les vainqueurs, qui peuplèrent de la sorte plusieurs parties désertes de leur pays.

C’est ainsi que l’on voit à Siam et au Laos des provinces entières dont la plupart des habitants sont d’origine cambodgienne.

Dépeupler une province pour en peupler une autre est, à peu près, toute l’économie politique de l’Orient moderne. Engourdi par la mollesse et la servitude, il dort insoucieux sur les ruines