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de l’Orient antique, ruines qui n’ont désormais d’éloquence et de leçons que pour les fils de l’Occident.

En remontant la rivière de Battambâng l’espace de douze à treize lieues, dans la direction du sud, on arrive à un des premiers monts détachés d’une des ramifications de la grande chaîne de Poursat. À ses pieds est une misérable pagode d’origine récente ; dans les environs sont dispersés quelques hameaux, tandis que sur le sommet aplani du mont même se trouve le monument en ruines dé Banone. Huit tours sont reliées par des galeries et communiquent de deux côtés, par un mur de terrassement, à une tour centrale qui a plus de huit mètres de diamètre et vingt d’élévation.

L’édifice est de plain-pied, bâti en pierre de grès, et doit remonter à la même époque que Bassette. Quoiqu’il n’y ait rien de particulièrement remarquable, ce qui est resté debout des tours et des galeries n’en indique pas moins un travail imposant, beaucoup de goût dans l’ensemble, d’habileté dans la construction et d’art dans les détails. Ce monument, de même que tous ceux de la province d’Ongkor, contraste autant, par la nature de ses matériaux, avec les constructions de briques et de faïence de l’architecture siamoise, qu’avec les fragiles et puérils monuments de l’art chinois.

Banone devait être un temple ; on voit encore dans la cour centrale, et aux deux petites tours opposées qui sont reliées par une galerie, un grand nombre d’énormes idoles bouddhiques, probablement aussi anciennes que l’édifice lui-même, et en-