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et forme un petit basssin naturel qui tient lieu de port. De là une chaussée en terre, assez élevée, praticable encore et qui s’étend jusqu’à la limite que les eaux atteignent à l’époque de l’inondation annuelle, c’est-à-dire sur un espace de trois milles, conduit à Ongkor la neuve, bourgade insignifiante, chef-lieu de la province actuelle et située à quinze milles au nord-nord-ouest des bords du lac.

Le vice-roi de la province de Battambâng se trouvait à Ongkor au moment de notre visite ; il venait de recevoir l’ordre du gouvernement siamois d’enlever un des plus petits, mais en même temps un des plus jolis monuments d’Ongkor et de le transporter à Bangkok.

Nous trouvâmes dans la personne du gouverneur d’Ongkor un homme beaucoup plus affable et beaucoup mieux élevé sous tous les rapports que celui de Battambâng. Je lui offris pour tout présent un pain de savon, et M. Sylvestre deux feuilles lithographiées représentant des militaires français, et nous fûmes aussitôt dans les bonnes grâces de Son Excellence.

Il s’approcha de moi et passa sa main dans ma barbe avec une sorte d’admiration.

« Que dois-je faire pour faire croître la mienne ainsi ? dit-il. Je désirerais en avoir une pareille. Ne connaîtriez-vous pas un moyen pour la faire pousser ? »

Enfin il nous promit un chariot pour faire conduire nos bagages à Ongkor-Wat, ainsi qu’une lettre pour nous recommander au chef du district et lui ordonner de nous accorder tout ce que nous lui demanderions.