Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/26

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vidence des voyageurs, modestes pionniers de la science et de la foi, sont dignes d’admiration, et ce serait de l’ingratitude que de ne pas leur rendre l’hommage qui leur est dû.

Depuis quelque temps, surtout depuis les guerres de Chine et de Cochinchine, on a fait grand bruit de Siam en Europe, et sur la foi des traités de commerce et de paix, et d’ampouleuses descriptions, plusieurs représentants de la France et de l’Angleterre y ont fondé des maisons de commerce. Malheureusement il y a eu beaucoup de déceptions et, à cette heure, c’est une plainte générale. Le fait est que les négociants ont des concurrents dangereux dans les mandarins, et même dans les princes qui accaparent la plus grande partie du riz et du sucre, branches principales du commerce, et l’expédient sur leurs jonques et leurs nombreux navires ; de plus, le pays n’était pas préparé au changement qui s’est opéré tout à coup dans ses lois, et n’a encore guère cultivé que pour sa propre consommation ; en outre, la population est peu nombreuse, et le Siamois est paresseux. La culture est en grande partie entre les mains des Chinois, gens plus laborieux, mais dont l’immigration s’est détournée depuis quelques années pour se porter en Australie, en Californie, à Singapour et dans quelques autres contrées florissantes.

Le royaume de Siam mérite certainement toute la réputation de beauté dont il jouit ; cependant c’est particulièrement dans les montagnes que la nature porte un véritable cachet de grandeur.

Les environs de Bangkok sont, à perte de vue,